Jardin de ville de 400 m² près de Paris 

Créer deux jardins de part et d’autre de la maison sur un terrain de 500 m² :
Au sud, un design affirmé et contemporain ; au nord, un potager champêtre s’intégrant sur la rocaille en meulière du XIXème siècle.
Les pentes doivent être rendues accessibles afin de pouvoir utiliser et entretenir aisément les jardins.
Les commanditaires, amateurs éclairés de botanique souhaitent une grande diversité végétale.

Dans le jardin sud, j’ai volontairement gommé les édifices et éléments disgracieux, tels que les toitures goudronnées ou les lampadaires trop artificiels, en disposant des arbustes de façon faussement aléatoire. J’ai ainsi valorisé les belles maisons de meulière au toit de tuiles et les bosquets qui composent ce beau vallon urbain. Le paysage lointain se fond dans le jardin.

Il a aussi fallu repenser intégralement le relief du jardin pour créer des zones planes. Afin de faire écho à la façade, j’ai choisi le corten pour la réalisation des restanques. Les espaces sont reliés entre eux par des passerelles en caillebotis d’acier.
Grâce à une végétation naturaliste et douce, orchestrée comme une prairie, j’ai créé un contraste fort avec ces matériaux bruts. Cette industrie lourde semble flotter sur un délicat nuage de nature. Elle me rappelle ces usines désaffectées dans lesquelles la vie sauvage a repris ses droits et a apporté avec elle une renaissance heureuse.

Au centre, dans un creux, se niche un brasero entouré de quelques bancs. Cet espace encaissé donne une vision immersive du jardin. Ici, la perception des ondulations des murets dévalant la pente à la manière d’une rizière est complète.

Dans cet écrin vit un écosystème d’une grande diversité végétale, théâtre et refuge des insectes et des oiseaux.

Le passage vers le jardin nord est souligné par un treillage métallique à la morphologie d’herbes géantes. J’y ai accroché une collection de plantes grimpantes accompagnée de fleurs aux couleurs chaudes pour créer une ambiance propre à ce chemin.

Le jardin nord, extrait de campagne idéalisée, accueille de belles vagabondes qui s’installent jusque dans les marches pour nous mener quelques mètres plus haut, vers le potager.
Là-haut, j’ai posé quelques tomettes de terre cuite pour accueillir une chaise dédiée au repos bien mérité du jardinier.
Les abeilles euphoriques sur les fleurs abondantes, nous présagent une récolte de miel généreuse. Près de la ruche, la viorne ploie sous les fleurs blanches, réhaussées par les ancolies et les Thalictrums vaporeux.
Parmi diverses raretés, j’ai introduit un Pseudocydonia qui nous promet des confitures originales. Ici, les choux et autres brassicacées joignent l’utile à l’esthétique grâce à la variété et à la douceur de leur feuillage passant du bleu au violacé.
Là, les salades disposées en rang servent de repère et apportent de l’ordre dans ce jardin foisonnant.
Sur la tonnelle, discrètes mais fort utiles grimpent délicatement des clématites qui offrent leur ombre bienfaitrice.

L’impression de jardin flottant fonctionne à merveille et le brasero centrale apporte une chaleureuse convivialité.
Après une année d’existence le jardin est déjà très luxuriant. L’effet soyeux des graminées se marie aux aériennes ombelles des valérianes, aux sphères parfaites des Echinops et aux plateaux des achillées. La danse des papillons et des abeilles met en musique cette symphonie de textures et de couleurs. L’observateur curieux pourra retrouver toutes ces interactions oubliées en ville : des mésanges aux chenilles, des fourmis aux pucerons ou des chrysalides aux papillons.
L’automne clôt la saison par un feu d’artifice de jaunes, rouges et oranges.